L'agroalimentaire breton vit des jours sombres. La perspective de l'écotaxe a mis le feu aux poudres d'une profession déjà en difficulté. Dans ce vent de révolte, on entend bien des choses. Certaines m'ont sérieusement inquiété et c'est sur l'une d'entre elle que je voudrais m'étendre ici.
Au milieu d'un antiparlementarisme qui commence à devenir habituel (mais toujours aussi détestable), certains sont tentés - même en Bretagne - de voter Le Pen. "Marine" surfe en effet sur les drames sociaux pour expliquer que les gouvernemens, de droite comme de gauche, ne font rien.
Petit décryptage de la position économique du Front National: la solution se résumerait d'une part à un protectionnisme et d'autre part à une sortie de l'euro. Je ne suis pas économiste, mais quelques années d'économie que j'ai pu suivre au lycée et à l'université me sont suffisants pour battre en brèche ces deux superbes fausses bonnes idées!
Sur le protectionnisme, doit-on rappeler aux salariés que les filières agroalimentaires bretonnes n'existent que parce qu'elles exportent? Fermer les frontières ne se fait jamais dans un seul sens! Le protectionnisme dont parle Marine Le Pen aboutira à coup sûr à une réduction drastique de la production agroalimentaire et donc aux besoins de main d'oeuvre soyons honnêtes.
Pire encore, la sortie de l'euro. Hier, j'entendais dire que l'Italie réfléchissait sérieusement à cette option. Pour les français, c'est la même chose: comme la mémoire est courte, on se dit que, finalement, le responsable, c'est l'euro, c'est l'Europe! Mais combien fallait-il de lyre pour acheter une baguette? Déjà qu'à l'époque, la monnaie italienne ne valait rien, sortir de l'euro, c'est assurément lancer la machine à misère! Pourquoi?
INFLATION. "L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix". Phénomène naturel de toute monnaie, cette inflation peut être plus ou moins forte. Le cours de la monnaie étant lié à la confiance, il faut, pour construire une monnaie forte, construire une image forte de son économie. Je suis assez vieux pour me souvenir que le franc était plus faible que le mark. Quand à la lire, n'en parlons pas! L'Italie sort de l'euro? Elle perdre du même coup la confiance des marchés que l'euro garantit. Pourquoi l'euro garantit la confiance des marchés? Parce que l'Europe est la première puissance économique du monde. Ne jamais oublier ça!
Donc, à ceux qui continuent de convertir l'euro en francs, je dis: arrêtez! On ne peut pas comparer une monnaie en cours à une monnaie morte, qui n'a plus cours! Aujourd'hui, qui sait ce que vaudrait un euro? Avant 6.5... francs, aujourd'hui peut-être 100 francs?
Bref, le défi de l'agroalimentaire breton n'est pas impossible à résoudre, mais il suppose PLUS D'EUROPE SOCIALE pour imposer un salaire minimal dans chaque pays de l'Union. Sans cela, c'est le dumping social assuré et la compétition de tous contre tous! La solution Le Pen, c'est une forteresse de riches assiégée en permanence, c'est une Corée du Nord à venir. Au secours!