J'ai beau être patient, il y a des limites! Régulièrement, sur ce blog, passent des détracteurs de la culture bretonne.
Je suis fort aise de voir que même les mélanchonistes/chevênementistes s'amusent à écumer les sites autonomistes, mais j'aimerai qu'ils le fassent dans une perspective d'ouverture à l'autre.
Et par pitié, qu'ils recyclent leur argumentaire car on a vraiment l'impression qu'ils ont appris par coeur leurs leçons tant les critiques sont identiques.
Cette rubrique se veut donc évolutive et tentera de donner mon point de vue sur les critiques que j'entends régulièrement concernant la Bretagne.
1. "Le breton, ça ne sert à rien"
Sans doute! Mais comme dirait mon papa, à quoi servons-nous, nous? Je réfute ces arguments utilitaristes pour différentes raisons:
- Quelles études le prouvent?
- Doit-on apprendre uniquement ce qui "sert"?
- Pourquoi le monde devrait-il être perçu d'une manière statistique, inhumaine?
Bref, tant qu'il y aura des gens pour vouloir apprendre le breton, j'estime qu'il faut leur en donner l'opportunité. De mon point de vue, la langue bretonne (comme chaque langue sur cette
planète) véhicule une vision du monde qu'il serait dommage de perdre.
Gardons donc la tête haute et apprenons LES langues qui nous plaisent...
2. "Pourquoi apprendre le breton alors que l'on peut apprendre l'espagnol ou le chinois?
Pourquoi ne pas apprendre plus d'UNE langue? Il n'y a que les français pour réfléchir comme des monolingues... passez le Rhin et vous découvrirez que les allemands parlent souvent trois langues
sans problème. De ce point de vue, la France est vraiment dernière de la classe.
J'ajouterai que pour apprendre l'espagnol en immersion, rien de tel qu'aller en Espagne. Pour apprendre le breton en immersion, où voulez-vous aller si ce n'est en Bretagne?
3. "Apprendre le breton, c'est ouvrir la porte au nationalisme"
D'abord qu'appelle-t-on "nationalisme"? Le nationalisme, c'est le fait de reconnaître une nation et donc un peuple. Aussi petit soit-il, j'estime que le peuple breton existe car certaines
personnes revendiquent leur appartenance à ce "groupe".
Après, il existe un nationalisme dit "ouvert" et un autre dit "fermé". Le nationaliste fermé, c'est celui qui se repli sur lui ou celui qui cherche à dominer. Le nationaliste ouvert rencontre les
autres d'égal à égal et ne cherche pas de hiérarchie entre les peuples.
4. "Tu es plus breton ou plus français?"
Qui préfères-tu? Ton père ou ta mère? Pour ma part, j'estime que je suis les deux, sans hiérarchie (voir "nationaliste ouvert" plus haut). Je pense que l'on peut appartenir à plusieurs peuples à
la fois et je suis toujours amusé de voir des bretons qui ne parlent pas un mot de breton (ni de gallo! ;-) )et sont baignés dans la culture française dire qu'ils ne sont pas français. C'est
leur droit, c'est le mien d'en rigoler...
5. "La Bretagne n'a jamais été indépendante car les Ducs rendaient un hommage simple aux rois de France"
Les Ducs de Bretagne rendaient un hommage simple et non un hommage lige aux rois de France. Aujourd'hui, certains pseudo-historiens se battent pour savoir si la Bretagne a été ou non
indépendante.
Honnêtement, je m'en contre-fiche! Pour moi, c'est un débat d'historien et cela ne change rien à mon combat. Je milite pour l'avenir de la Bretagne... je ne suis pas de ces nihilistes (du
passé faisons table rase!), mais à force d'être tournés vers le passé, on oublie que la culture bretonne est encore vivante.
6. "Autonomie et indépendance, c'est la même chose"
Je n'ai pas poussé le bouchon jusqu'à dire que terrorisme et nationalisme, c'était pareil, mais j'entends également ce genre d'absurdité.
Pour résumer, être autonomiste veut dire vouloir un pouvoir législatif pour sa région autrement dit, le droit de décider au pays. Un autonomiste ne peut donc pas être séparatiste puisqu'il estime
que l'on doit changer le mode d'organisation de l'Etat. Un autonomiste désire un statut politique pour sa région dans le cadre de l'Etat français. J'ajouterai que "l'autonomie totale"
n'existe pas. C'est un concept creux (langue de bois) pour éviter de dire "indépendantisme".
On entend de plus en plus dire que l'indépendance ne veut rien dire. Pourtant, lorsque l'on milite politiquement, le terme d'indépendance doit être compris d'un point de vue juridique. Les Etats
sont interdépendants certes, mais ils sont encore souverains et indépendants du point de vue de la loi (c'est-à-dire qu'ils ne dépendent des décisions de personnes d'autres). Ce sont les Etats
qui signent les traités internationaux par exemple!
J'entends d'ici ceux qui vont me dire que puisque l'Union Européenne existe, les Etats de l'Union ne sont plus indépendants selon ma logique. Faux! Car replongez-vous dans vos cours et vous
constaterez que les Etats décident librement de déléguer des compétences à l'Union Européenne. D'ailleurs, c'est encore le Conseil de l'Union Européenne (autrement appelés le Conseil des
Ministres de l'Union) qui décide et non le Parlement. Donc, l'Union est loin d'être fédérale et encore moins supranationale.
7. "La Bretagne, c'est la Province!"
Le provincialisme, les bécassinades, sont la plus grande plaie de Bretagne. Car ce sentiment d'infériorité est tellement ancré chez les bretons qu'il est impossible d'expliquer
que le mot province veut dire "territoire vaincus" (pro vincere). Ce terme est à bannir de notre vocabulaire puisque c'est ainsi que les parisiens, jacobins, parlent de nous.
La Province, en France, c'est tout ce qui n'est pas Paris (le centre du monde). Or, Paris ne représente QUE 2% du territoire. Le provincial, c'est le stupide breton qui arrive de
sa campagne. Outre le fait que c'est une vision dégrante du monde rural, cela ne correspond plus du tout à la réalité sociologique de la Bretagne (urbaine).
Bref, quand je vois certains étroits d'esprit parisiens, j'ai bien envie de leur lancer que la Province aujourd'hui, c'est Paris!
8. "Ici, dans la région Grand Ouest"
Peut-être vous considérez-vous comme "Oueston", ce n'est pas mon cas. Je m'insurge, en tant qu'ancien élève en aménagement du territoire contre ce zonage inhumain de l'espace.
Le Grand Ouest est une vision qui ne tient absolument pas compte des territoires (territoire = espace + hommes).
Un territoire a une identité, le Grand Ouest n'en a pas. C'est encore une fois, une vision parisiano-centrée pour qui le reste de la France doit être gouverné de Paris. De même que les
départements ont été créés pour diviser les régions, le Grand Ouest n'a pour seul et unique but que de dissoudre le sentiment d'appartenance des bretons, normands ou vendéens.
9. "Nantes est historiquement en Bretagne, mais ne l'est plus maintenant"
Sans doute mon commentaire favori! Le "historiquement" est un chef d'oeuvre de la pauvreté intellectuelle de ceux qui décrivent ainsi la capitale de la Bretagne: Nantes.
Aucun opposant de la réunification ne nie le fait que Nantes était en Bretagne. Mais, disent-ils, aujourd'hui, ce n'est plus le cas!
Bon. Prenons une situation absurde (une uchronie): demain, l'Espagne envahit la France. Le lendemain, les journaux titrent: "Paris, historiquement française, aujourd'hui espagnole".
C'est débile me direz-vous? Pourquoi ne pas dire de même de ce découpage illégitime, datant du gouvernement de Vichy (1941)? Décrête-t-on d'un trait de crayon ce qui est et n'est plus?
10. "Vous, les communautaristes"
Nous, les communautaristes! Comprenez, vous qui défendez les droits collectifs d'un peuple. Appelle-t-on communautaristes ceux
qui aiment le rap, ceux qui défendent la francophonie, ceux qui appartiennent à un club sportif?
Le vocabulaire est relatif et varie en fonction de celui à qui il s'adresse. Etrange!