29 janvier 2010
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14:36
Hier soir à l'UBS avait lieu la projection d'un film qui a fait débat lors de sa diffusion sur France 2. Intéressé par la question, je me suis rendu à cette projection des
"travailleuses du sexe" de Jean-Michel Carré afin d'écouter ce qu'avait à dire le réalisateur et me faire ma propre idée du film. Je dois préciser que j'avais été sollicité par une élue verte,
Claudine Le Goff, afin de soutenir la porte-parole du Nid, mouvement abolitionniste. Je m'y suis donc rendu en compagnie de Laurence
Chevrel, une camarade de l'UDB conseillère municipale.
Je ne suis pas du genre à faire comme si la prostitution n'existait pas, ni à voir les choses de façon binaire ou simpliste, mais je dois dire que ce film m'a franchement dérangé en ceci que son parti pris aurait du être expliqué dès le début. Jean-Michel Carré donne en effet la parole à des prostituées qui s'affichent, qui ont "choisi" cette activité et au client sympa décomplexé. Comme si c'était la majorité...
A l'issue du film, j'ai donc posé une question simple: est-ce un choix ou une opportunité? Je m'explique. Les hommes et femmes qui témoignaient m'ont fait penser à ces enfants qui, aujourd'hui, ne rêvent plus d'être boulanger, médecin ou pianiste, mais footballeur, acteur ou chanteur. Les enfants d'aujoud'hui sont malins et savent que ce sont ce que j'appelle "les voies d'exception" qui pourraient leur permettre de vivre comme ils rêveraient. Bref, au lieu de critiquer un système qui les exclus (l'ascenseur social scolaire n'existe plus), ils cherchent à briller grace à celui-ci, acceptant donc une règle du jeu pour laquelle ils n'ont jamais donné leur aval. Le Politique n'a plus sa place, c'est l'Economique qui dicte sa loi! Ma question a trouvé sa réponse quand le réalisateur, fier de lui en plus, me dit: "oui, la plupart de ces filles ou garçons travaillent deux ou trois jours par semaine et étudient ou profitent le reste de la semaine". Moralité: devenez prostitué!
J'exagère comme d'habitude, mais si ce film ne promeut pas la prostitution, il ne condamne pas du tout la marchandisation du corps. Disons, plutôt que "condamner", qu'il pourrait au moins être nuancé car le message du film est vraiment: "pute et fière de l'être". Je doute que l'ensemble des prostitués pensent ainsi et apprécient la banalisation de cette activité. Mais je me garderai bien parler à leur place, moi qui n'aie jamais discuté avec une prostituée.
Alors oui, je suis sans doute réac', mais je pense que ce film est facile et capitaliste. Jean-Michel Carré se targuait d'avoir réuni sur France 2 trois millions de spectateurs, confirmant ainsi ma première impression: ce film est au même niveau que Capital ou les émissions de M6: des paillettes et de la fascination, du divertissement à défaut de solutions. Du discours de petits bourgeois désirant montrer que le fric n'est pas mal. Certes non, gagner de l'argent n'est pas honteux, mais pour en faire quoi? Ici, il s'agit de l'appât du gain pour le gain... capitalisme.
Au final, en prenant quelques exemples ultra-spécifiques (la sexualité des handicapés), ce type se permet de décrédibiliser le travail des associations qui tentent de venir en aide aux prostitués soumises. "Changez de discours" a-t-il dit à Marie Renée Jamet (84 ans) qui côtoie des prostitués chaque jour depuis 38 ans! Confondre courtisanes et prostitués, quelle connerie! De même que mélanger homosexualité, transexualité, SM, prostitution et Sida. La mafia, le raquet, la drogue, le proxénétisme sont tout de même la majorité. Accepter la prostitution, c'est finalement se contenter d'une société de frustration, d'un marché de la solitude, d'une ère de la non-communication. Désolé, mais quitte à paraître vieux jeu, je ne cautionne pas.
Alors maintenant oui, la prostitution existe, il ne s'agit pas de dire le contraire. (d'ailleurs le Nid ne ferme pas les yeux). Je suis tout aussi choqué de savoir que les prostitués n'ont aucun droit de retraite alors qu'elles payent des impôts. Je suis aussi contre la loi de mars 2003 (Sarko) contre le raccolage passif qui n'a fait que déplacer le problème et rendu plus sordide encore les "passes", mais par pitié, ne justifions pas tout au nom d'un pragmatisme crétin. Agir concrètement oui, mais par la pédagogie, par l'apprentissage de la sexualité dès l'enfance, pas par le laissez-faire. Sans cela, nous acceptons que des étudiantes se fassent payer une pipe pour finir leur mois.
Je terminerai par dire que la prostitution n'est pas un "métier", c'est une source de revenu. La monétarisation du sexe pose le problème du rapport au travail et du rapport au corps. Le vivant est donc marchandable: esclavage, OGM... Aimer faire l'amour ou même "baiser" est une chose, s'envoyer en l'air chaque jour n'a rien de choquant, mais se faire payer pour nécessite mieux qu'un film qui banalise un vocabulaire de multinationales (business, plan communication, niche économique, services...).
Je me posais des questions sur la pertinence ou non des maisons closes avant de rentrer dans la salle, je ne m'en pose plus.
Je ne suis pas du genre à faire comme si la prostitution n'existait pas, ni à voir les choses de façon binaire ou simpliste, mais je dois dire que ce film m'a franchement dérangé en ceci que son parti pris aurait du être expliqué dès le début. Jean-Michel Carré donne en effet la parole à des prostituées qui s'affichent, qui ont "choisi" cette activité et au client sympa décomplexé. Comme si c'était la majorité...
A l'issue du film, j'ai donc posé une question simple: est-ce un choix ou une opportunité? Je m'explique. Les hommes et femmes qui témoignaient m'ont fait penser à ces enfants qui, aujourd'hui, ne rêvent plus d'être boulanger, médecin ou pianiste, mais footballeur, acteur ou chanteur. Les enfants d'aujoud'hui sont malins et savent que ce sont ce que j'appelle "les voies d'exception" qui pourraient leur permettre de vivre comme ils rêveraient. Bref, au lieu de critiquer un système qui les exclus (l'ascenseur social scolaire n'existe plus), ils cherchent à briller grace à celui-ci, acceptant donc une règle du jeu pour laquelle ils n'ont jamais donné leur aval. Le Politique n'a plus sa place, c'est l'Economique qui dicte sa loi! Ma question a trouvé sa réponse quand le réalisateur, fier de lui en plus, me dit: "oui, la plupart de ces filles ou garçons travaillent deux ou trois jours par semaine et étudient ou profitent le reste de la semaine". Moralité: devenez prostitué!
J'exagère comme d'habitude, mais si ce film ne promeut pas la prostitution, il ne condamne pas du tout la marchandisation du corps. Disons, plutôt que "condamner", qu'il pourrait au moins être nuancé car le message du film est vraiment: "pute et fière de l'être". Je doute que l'ensemble des prostitués pensent ainsi et apprécient la banalisation de cette activité. Mais je me garderai bien parler à leur place, moi qui n'aie jamais discuté avec une prostituée.
Alors oui, je suis sans doute réac', mais je pense que ce film est facile et capitaliste. Jean-Michel Carré se targuait d'avoir réuni sur France 2 trois millions de spectateurs, confirmant ainsi ma première impression: ce film est au même niveau que Capital ou les émissions de M6: des paillettes et de la fascination, du divertissement à défaut de solutions. Du discours de petits bourgeois désirant montrer que le fric n'est pas mal. Certes non, gagner de l'argent n'est pas honteux, mais pour en faire quoi? Ici, il s'agit de l'appât du gain pour le gain... capitalisme.
Au final, en prenant quelques exemples ultra-spécifiques (la sexualité des handicapés), ce type se permet de décrédibiliser le travail des associations qui tentent de venir en aide aux prostitués soumises. "Changez de discours" a-t-il dit à Marie Renée Jamet (84 ans) qui côtoie des prostitués chaque jour depuis 38 ans! Confondre courtisanes et prostitués, quelle connerie! De même que mélanger homosexualité, transexualité, SM, prostitution et Sida. La mafia, le raquet, la drogue, le proxénétisme sont tout de même la majorité. Accepter la prostitution, c'est finalement se contenter d'une société de frustration, d'un marché de la solitude, d'une ère de la non-communication. Désolé, mais quitte à paraître vieux jeu, je ne cautionne pas.
Alors maintenant oui, la prostitution existe, il ne s'agit pas de dire le contraire. (d'ailleurs le Nid ne ferme pas les yeux). Je suis tout aussi choqué de savoir que les prostitués n'ont aucun droit de retraite alors qu'elles payent des impôts. Je suis aussi contre la loi de mars 2003 (Sarko) contre le raccolage passif qui n'a fait que déplacer le problème et rendu plus sordide encore les "passes", mais par pitié, ne justifions pas tout au nom d'un pragmatisme crétin. Agir concrètement oui, mais par la pédagogie, par l'apprentissage de la sexualité dès l'enfance, pas par le laissez-faire. Sans cela, nous acceptons que des étudiantes se fassent payer une pipe pour finir leur mois.
Je terminerai par dire que la prostitution n'est pas un "métier", c'est une source de revenu. La monétarisation du sexe pose le problème du rapport au travail et du rapport au corps. Le vivant est donc marchandable: esclavage, OGM... Aimer faire l'amour ou même "baiser" est une chose, s'envoyer en l'air chaque jour n'a rien de choquant, mais se faire payer pour nécessite mieux qu'un film qui banalise un vocabulaire de multinationales (business, plan communication, niche économique, services...).
Je me posais des questions sur la pertinence ou non des maisons closes avant de rentrer dans la salle, je ne m'en pose plus.